Une recherche multidisciplinaire
L’Unité de recherche sur la schizophrénie (URS) a été créée en 1999 au sein du Centre de neurosciences psychiatriques (CNP) (Département de psychiatrie, Centre Hospitalier Universitaire Vaudois, CHUV), avec le soutien de la Faculté de médecine et des Hospices cantonaux vaudois. Elle est dirigée par la Prof. Kim Do Cuénod (ci-contre à gauche) et bénéficie de l’appui du Prof. Michel Cuénod (médecin et neurobiologiste, ancien directeur de l’Institut de recherche sur le cerveau de l’Université de Zurich, président de la Fondation Alamaya), qui intervient en qualité de conseiller scientifique et à titre bénévole.
Son implantation sur le site de l’hôpital psychiatrique de Cery lui permet de collaborer étroitement avec les cliniciens du Service de Psychiatrie Générale, placé sous la direction du Prof. Philippe Conus (ci-contre à droite). Eu égard aux enjeux et à la complexité de la recherche menée, cette dernière requiert un travail d’équipe qui coordonne les travaux de spécialistes en neurosciences (neurobiologie, biologie génétique et moléculaire, neurochimie, neuroanatomie, neurophysiologie, étude du comportement, etc.) et de professionnels directement en contact avec les patients (psychiatres, psychologues, radiologues spécialisés en imagerie cérébrale, etc.). Cette collaboration est essentielle aux progrès de la recherche et favorise l’indispensable adhésion et participation des patients à cette recherche.
Un programme translationnel
Les travaux l’URS portent sur les facteurs de vulnérabilité biologiques susceptibles de favoriser le risque d’être atteint de schizophrénie. L’objectif principal consiste à mieux comprendre les causes et les mécanismes de la schizophrénie dans le but de pouvoir établir un diagnostic précoce de la maladie, développer de nouveaux traitements et mettre au point des mesures préventives. Ce même objectif s’applique également aux domaines de l’autisme et des troubles maniaco-dépressifs, maladies auxquelles l’URS étend désormais ses recherches au vu de la découverte de certains mécanismes communs à ces trois affections.
Les travaux de l’URS sont basés sur une hypothèse formulée en 1993 par la Prof. Kim Do Cuénod et le Prof. Michel Cuénod, selon laquelle les patients atteints de schizophrénie présentent un facteur de vulnérabilité déterminant: une anomalie génétique provoquant le déficit d’une substance appelée glutathion, un antioxydant essentiel pour l’élimination des substances toxiques présentes dans le corps humain. Un tel déficit est susceptible d’entraver les contacts entre les cellules nerveuses et d’entraîner le dysfonctionnement de certains neurones. Cette hypothèse a depuis lors été confirmée; elle est aujourd’hui largement reconnue par la communauté scientifique internationale.
Le programme de l’URS est translationnel, faisant le pont entre la recherche clinique (patients) et la recherche expérimentale (culture de cellules, souris). Cette stratégie, utilisée depuis longtemps et avec succès en médecine somatique (par exemple la médecine du coeur, des poumons ou des reins) est relativement nouvelle en psychiatrie.
La recherche clinique, chez les patients, vise à comprendre les causes et les mécanismes de la maladie et comprend les investigations suivantes:
- Psychopathologie (troubles psychiques)
- Neuropsychologie (troubles cognitifs)
- Analyse génétique et biochimique (du sang et des fibroblastes)
- Etude de l’EEG (électroencéphalogramme)
- Mesure du glutathion et d’autres molécules intracérébrales par résonance magnétique spectroscopique (MRS)
- Mesure de la connectivité cérébrale (DSI)
- Essais thérapeutiques avec des substances susceptibles de modifier le taux de glutathion
La recherche expérimentale est axée sur les conséquences d’une baisse du glutathion; l’abaissement artificiel de la synthèse du glutathion dans des cultures de neurones, des tranches de cerveau et/ou des animaux permet d’établir des « modèles » visant à déterminer si la diminution du taux de glutathion, en particulier au cours du développement du cerveau, engendre des anomalies semblables à celles observées chez les patients. Ces modèles sont également indispensables à l’étude de l’efficacité de nouveaux médicaments. Elle porte sur les observations suivantes:
- Morphologie: changements de l’anatomie fine et des caractéristiques biochimiques des neurones
- Biochimie: modifications des métabolites cérébraux
- Physiologie: changements de certaines fonctions des neurones
- Comportement: changements des fonctions cognitives et affectives
Ces différents domaines de recherche exigent la participation de divers spécialistes, justifiant un groupe de travail multidisciplinaire.
Collaborateurs
L’équipe de l’URS est composée de plusieurs jeunes et brillants doctorants et post-doctorants, promis à une belle carrière scientifique, de deux techniciennes en laboratoire et de deux psychologues. Les appuis obtenus par la Fondation Alamaya contribuent en grande partie à financer leur salaire et servent ainsi non seulement à faire progresser une recherche de pointe mais également à promouvoir une relève scientifique de haut niveau. Plusieurs cliniciens chercheurs du Département de psychiatrie du CHUV sont également impliqués dans les études de l’URS.
Les activités de l’Unité de recherche sur la schizophrénie sont réalisées dans le cadre d’un large faisceau de collaborations, incluant divers instituts universitaires et autres centres de recherche en Suisse et à l’étranger (voir Collaboration).