Pathologie
La schizophrénie offre la triste particularité d’atteindre la personne au cœur de sa vie. Les malades qui en souffrent sont entravés dans leur capacité à:
- avoir des relations familiales et sociales harmonieuses
- exprimer leurs idées clairement
- vivre et transmettre des émotions
- exercer une activité professionnelle autonome
A ces souffrances s’ajoute celle d’un vécu tourmenté et persécutant; ainsi certains patients atteints de cette maladie entendent des voix et croient qu’ils sont injuriés ou menacés par des forces maléfiques externes.
Les symptômes liés à la schizophrénie sont généralement divisés en symptômes dits « positifs » (hallucinations, confusion, comportement incohérent) et « négatifs » (déficits au niveau du langage, de la communication, des émotions). Les dysfonctionnements touchent également les capacités cognitives des patients (mémoire, abstraction, attention, planification) et incluent par ailleurs des troubles de la perception et de la conscience de soi. De plus, les patients atteints de schizophrénie peuvent présenter des symptômes non spécifiques: angoisse, dépression, agressivité, dépendance (drogues) et tendances suicidaires figurent parmi ceux-ci. La manifestation de ces divers symptômes et dysfonctionnements varie selon les malades.
L’apparition de la schizophrénie dépend de causes combinées, à la fois génétiques et liées à l’environnement, qui provoquent des anomalies subtiles dans le cerveau. La maladie se développe probablement dès la naissance de manière invisible, devient généralement manifeste entre 18 et 25 ans et handicape les patients souvent pour le reste de leur vie.
Actuellement, il n’existe aucun traitement curatif ou préventif; les médicaments disponibles ont un effet sur les symptômes positifs mais n’améliorent pas les symptômes négatifs, cognitifs ou les symptômes de base (troubles de la perception), ce qui représente un obstacle majeur à la réinsertion sociale et professionnelle. Ces médicaments produisent par ailleurs des effets secondaires souvent très pénibles et ne garantissent pas une vie normale.
Fréquence
La schizophrénie est une maladie très fréquente puisqu’elle touche 1 personne sur 100 dans le monde, indépendamment des cultures, des pays ou du niveau social. Pour la Suisse, cela représente environ 80’000 personnes. De plus, en termes d’invalidité (Years Lived with Disabilities, YLD), les affections psychiatriques chez les jeunes adultes représentent environ 50% de toutes les pathologies (chiffres publiés par l’OMS, en rouge dans le graphique ci-contre).
Coûts
La schizophrénie impose non seulement beaucoup de souffrances aux patients et à leurs proches, mais elle est également très onéreuse pour la société. Ainsi, les coûts de cette maladie (traitements de longue durée, hospitalisations, mesures de réinsertion socioprofessionnelle, rentes d’invalidité, etc.) sont d’environ CHF 4 milliards par année en Suisse.
L’ensemble des éléments précités mettent en évidence les divers enjeux de la recherche: mieux comprendre la schizophrénie pour pouvoir mieux la traiter et, à terme, la prévenir sont des objectifs qui s’adressent avant tout aux malades mais bénéficient également à leurs proches, souvent très affectés par les conséquences de la maladie sur le contexte familial, et à la société dans son ensemble.